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Mise à jour : 19 mai 2023

Donner la mort, est-ce un soin ?

Comment les soins palliatifs ont-ils répondu à cette question ?
Quels défis pour demain ?

Avec Marie-France Maréchal,
Administratrice de JALMAV et bénévole d’accompagnement à domicile
et François Croixmarie,
Médecin en soins palliatifs à la Clinique Sainte-Elizabeth

Cliquez sur le lien qui suit pour télécharger tous les visuels qui ont illustré la conférence :

/https://secretariatsocialccr.org/wp-content/uploads/2023/05/conf-SSM-fin-de-vie-13-mai-23-complet.pdf

La « RSE», Responsabilité sociétale des entreprises, un nouvel engagement sociétal et collaboratif dans l’entreprise.

C’est le sujet proposé par le Secrétariat social de Marseille ce
samedi 21 mai 2022.

Frédéric Verdet, président de ENERGIE PME et membre du
secrétariat social avait convié plusieurs intervenants.


1) Jacques Faudin, chef d’entreprises et président du Lab RSE et innovation PACA qui organise chaque année les Trophées de la RSE PACA. Ces trophées sont remis sous l’égide de la Région SUD Provence Alpes Côte d’Azur et les lauréats sont sélectionnés par un jury composé de représentants des employeurs et de syndicats de salariés.

Il nous a raconté sa prise de conscience sur la biodégradation provoquée par ses entreprises et son amour pour le monde végétal et animal lorsqu’il a réalisé que chaque bactérie, sur les 100 000 milliards que transporte notre corps, comporte une centaine de capteurs qui lui permettent de communiquer pour prévenir d’un risque…

Le but de la RSE est de créer une homéostasie au sein de l’entreprise par une régulation naturelle qui supprime l’esprit de compétition. Depuis 30 ans Jacques Faudin a installé dans ses entreprises nouvelles 2 poubelles, une pour les produits recyclables, l’autre pour les produits non recyclables.

Le livre de Frédéric Lenoir : « La puissance de la joie » distingue le plaisir (j’ai soif, je bois), le bonheur (un merveilleux concert), la joie, qui donne une paix intérieure durable qui permet de surmonter tous les obstacles.


2) Bruno Huss, est trésorier de la Caisse Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire (CRESS). L’E.S.S. rassemble des entreprises de personnes qui se regroupent pour accéder à un bien ou réaliser une œuvre. Elle représente 10 à 12 % de l’activité économique du pays.

L’E.S.S. est présente : dans les associations, en particulier dans le soin et les aides à la personne ; dans les mutuelles (plus de 50 % du secteur de l’assurance), dans les coopératives agricoles, de production ou bancaire (plus de 50 % de l’offre bancaire).

L’E.S.S. n’a pas d’actionnaires, mais des adhérents qui élisent les responsables de la gouvernance, qui part du bas vers le haut. Les centres de décision sont à proximité. Le but n’est pas de maximiser le profit, mais de réaliser le résultat.

L’E.S.S. et le RSE sont complémentaires, dans leurs relations avec les salariés et les syndicats, avec les clients, avec les territoires…

Deux risques doivent être évités : utiliser la RSE dans une démarche marketing ; et utiliser la RSE pour seulement certains secteurs dans l’entreprise, par exemple pour l’environnement mais pas dans les relations salariales.


3) Sandrine Delouille a créé la société Link 180, qui anime des journées solidaires et des événements RSE dans les entreprises.
Elle nous a présenté deux exemples :

– une journée de l’environnement chez Vinci : l’implication de la direction est indispensable ; la journée a été préparée avec des salariés volontaires ; quatre thèmes ont été retenus : les écogestes, le tri des déchets, le compost, l’éco-conduite.

– La cravate solidaire est une association qui prépare les demandeurs d’emploi aux entretiens d’embauche, avec un entraînement pratique et la fourniture éventuelle de vêtements présentables, qui seront gardés par la personne.


4) Corinne INESTI présidente de la CPME (Confédération des Petites et Moyennes Entreprises), qui compte plus de 1000 adhérents directs et près de 15 000 adhérents indirects nous a présenté le trophée des entrepreneurs positifs, qui récompense chaque année les entreprises, selon les critères de la RSE, notamment la solidarité, le courage, la bienveillance, l’éco-responsabilité, la créativité, la persévérance.

5) Une vidéo nous a présenté quatre entreprises récompensées par ce trophée :

D3E est une entreprise d’équipements électriques qui compte 120 collaborateurs. L’important est le bien-être des salariés par le sport, la nutrition, la solidarité : les salariés se sont mobilisés pour permettre à l’un d’entre eux de prendre 30 jours de congés pour faire face à des problèmes familiaux.

PROVEPHARM est une entreprise pharmaceutique. Il faut admettre l’esprit critique des collaborateurs, ça n’est pas forcément le chef qui a raison. Pendant le covid, les salariés ont permis un don de 125 000 € en n’utilisant pas leurs RTT.

LOCAL EN BOCAL est une conserverie artisanale. Son objectif est de sauver les légumes moches. Elle achète des fruits et légumes non conformes, pour les mettre en bocal.

SOFIA COSMETIQUES fabrique des produits de beauté à partir d’ingrédients naturels. Elle compte 70 salariés qui travaillent dans des locaux désamiantés et lumineux.


6) Daniel Salenc est président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat des Bouches-du-Rhône qui regroupe 80 000 entreprises artisanales ; sa société de boulangerie a 82 salariés. La RSE est un défi journalier pour l’employeur qui travaille au milieu de ses salariés. En ce qui le concerne il favorise le sport, la pratique du vélo…

7) Un débat a eu lieu sur l’apport en capital dans les entreprises de l’ESS. Les fonds propres se constituent progressivement. Ces entreprises sont souvent des associations ou des mutuelles assez anciennes. Il est possible de créer des fondations qui reçoivent des dons. Elles peuvent aussi se financer par des emprunts.

En conclusion, la RSE est la fois un outil et un état d’esprit qui permet aux entreprises et à leurs collaborateurs de maintenir un équilibre entre développement
économique, préoccupation sociétale et respect de l’environnement.


Pour aller plus loin :
Lab RSE Paca : https://www.labrseinnovation.com
Trophées des transitions et de la RSE : CRESS PACA : www.cresspaca.org
Link 180 : www.link180.fr
CPME 13 : www.cpme-13.fr
Trophée des entrepreneurs positifs : https://trophees-cpmesud.fr
Chambre des Métiers et de l’Artisanat : www.cmar-paca.fr

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Maurice Blondel : tenter de concilier philosophie et théologie

Le texte qui suit est repris de la publication de RCF que vous trouvez ici :

https://rcf.fr/articles/vie-spirituelle/maurice-blondel-tenter-de-concilier-philosophie-et-theologie
Ce qui vous permettra d’écouter l’entretien avec Marie-Jeanne Coutagne.

François de Bez, président honoraire du Secrétariat Social, Centre chrétien de Réflexion de Marseille témoigne ainsi :

Je pense que ce qui est dit sur Maurice Blondel mérite une place sur le site et dans notre compte rendu d’activités. Blondel était le maître à penser du Secrétariat social (voir Pages 80 à 82 de notre livre : le Secrétariat Social de Marseille, (1903 – 1910).

Maurice Blondel : tenter de concilier philosophie et théologie

Sophie Lecomte — Dialogue RCF (Aix-Marseille), le 10/06/2022 à 12:36 – Modifié le 10/06/2022 à 13:52

C’est à Aix-en-Provence que vécut une grande partie de sa vie, Maurice Blondel, philosophe et chrétien du XIXᵉ, dont la pensée en avance sur son temps, tenta de concilier philosophie et théologie.
Une pensée qui a aussi inspiré de grands théologiens et hommes politiques, défendant la “démocratie chrétienne” au XXᵉ.
Dans cette émission, nous vous proposons un voyage au cœur de la riche pensée blondélienne.
 @cathoaixarles

@cathoaixarles

Maurice Blondel est un philosophe familier des Aixois du quartier Mazarin. Il venait d’ailleurs prier à l’église Saint-Jean de Malte, une plaque commémorative le rappelle dans un coin de l’église. Ce qui a valu le surnom de “philosophe d’Aix” à ce natif de Bourgogne.


Résumer sa philosophie relève d’une gageure tant elle est riche et complexe à la fois.
À la fin du XIXᵉ siècle, il publie sa thèse “l’action” qui reçoit un accueil glacial à l’époque d’une laïcité combattante. Les universitaires de la Sorbonne ont du mal à accepter l’idée évoquée à la fin de sa thèse, selon laquelle la possibilité d’une adhésion à la révélation chrétienne n’était pas une transgression inacceptable de la laïcité. Puis finalement on a reconnu que sa démarche était pleinement philosophique, lui qui disait : “la philosophie est nécessaire pour découvrir qu’elle est insuffisante”.Du côté des théologiens, sa pensée n’a pas toujours été bien comprise non plus, car ils se demandaient comment il allait se positionner.


Ce lien entre philosophie et théologie, que Maurice Blondel tenta de faire, lui a valu le surnom de “philosophe chrétien”. Marie-Jeanne Coutagne, présidente de l’association des amis de Maurice Blondel n’est pas tout à fait d’accord avec cette appellation. Selon elle, on est catholique et philosophe, c’est-à-dire que “les positions théoriques sont toujours en dialogue nécessaire avec les positions de foi”.

“La philosophie est nécessaire pour découvrir qu’elle est insuffisante”

Maurice Blondel a aussi mené toute une réflexion philosophique du “lien” avec une question centrale, “comment sommes-nous en lien les uns avec les autres ?”. Pour aller de moi aux choses, de moi à l’autre, il y a un centre de passage qui est le Christ. Marie-Jean Coutagne précise : « le Christ tient l’univers (…) donc nous tenons ensemble parce que le Christ nous tient et si nous parvenons à discuter, dialoguer, y compris difficilement. C’est parce que quelque chose nous tient les uns aux autres et c’est le Christ, le Christ est au cœur de tout”

Maurice Blondel a également inspiré les positions de Vatican II. On lui doit un certain dynamisme de la théologie française des années 30, 40 et 50. Parmi ses “disciples”, on retrouve le cardinal de Lubac et Pierre Teilhard de Chardin.

Une pensée philosophique, théologique et aussi politique 

Maurice Blondel était proche des fondateurs des « semaines sociales de France » qui ont développé la pensée sociale de l’Église et ont contribué à réconcilier Église et démocratie. Il a milité également dans le sens d’une démocratie chrétienne et a largement inspiré Robert Schumann, l’un des pères fondateurs de l’Europe.

Un procès en béatification a été ouvert par le diocèse d’Aix en début d’année. Une nouvelle qui réjouit Marie-Jeanne Coutagne : « c’était vraiment un personnage complexe, un monsieur très vif, un doux à l’énergie débordante qui avait conquis spirituellement sa douceur”.

Un livre lui est consacré et reprend les éléments d’un colloque qui s’est tenu en 2019, “la sainteté de la raison” aux éditions Hermann.

Et Marie-Jeanne Coutagne, également philosophe, de conclure : « Blondel, c’est ma famille d’esprit. C’est là d’une certaine manière que ma vie à la fois de chrétienne et de philosophe prend cohérence ».

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Osons rêver l’avenir
Prendre soin des hommes
et de la terre

Ce titre, ancré avec espérance dans « Laudato Si », est le thème abordé pendant trois jours, totalement en « visioconférence » et partiellement en « présentiel » à Versailles, par les 95ᵉ Semaines sociales de France (SSF) les 26, 27 et 28 novembre 2021. Les membres du Secrétariat Social de Marseille (SSM) dont une des fonctions est d’être l’antenne marseillaise des SSM, ont suivi les sessions de ces trois jours et plusieurs d’entre eux* nous font part, dans les quelques pages qui suivent, de ce qui les a le plus frappés, questionnés… ou remis en route avec espérance, aussi bien dans les exposés initiaux que dans les réponses aux questions qui les ont toujours suivies, mais qui ne sont pas précisées dans le but d’alléger la présentation.

Le monde qui nous attend

Le Secrétariat social de Marseille a réuni au Mistral une trentaine de personnes pour suivre sur grand écran, le 26 novembre 2021, l’après-midi d’ouverture de ces Semaines Sociales, introduites par Dominique Quinio, ancienne rédactrice en chef de la Croix et présidente des SSF, puis par un message du pape lu par le nonce apostolique, la parole a été donnée à deux trentenaires auxquels il était demandé leur vision de l’avenir, avec leurs inquiétudes et leurs projets.

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La vision de deux trentenaires sur l’avenir : inquiétudes, projets et espérance

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Nelly Vallance (27 ans), présidente du mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC) exprime sa colère de voir l’état de la Terre, les inégalités et la précarité des jeunes. Mais, elle voit aussi des signes d’espoir : beaucoup de jeunes s’engagent dans l’action locale et, pour eux, une réflexion et une action politique globale sont nécessaires. Jérôme Chapuis, rédacteur en chef de la Croix, qui préside la séance, rappelle la phrase de Martin Luther King : « Même si je savais que le monde allait finir demain, je planterais tout de même un pommier »

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Foucault Giuliani (31 ans), professeur de philosophie, ancien directeur de l’association le Rocher à Marseille et fondateur à Paris du café-atelier associatif Le Dorothy, a une position plus radicale : « nous sommes devenus dépendants d’un système qui nous dégoûte, qui est le capitalisme mondialisé ». Nous vivons une période d’angoisse et de peur. Comment sortir de cette situation ? Il nous faut complètement changer d’histoire : une histoire qui ne serait plus gérée par l’homme, mais par Dieu, par l’Évangile : accepter une organisation spirituelle, entrer dans des communautés, organiser à l’échelle mondiale la juste distribution des biens, en somme, une alternative complète au capitalisme.



Les leçons de la pandémie

Frédéric Worms, professeur de philosophie, directeur adjoint de l’École Normale Supérieure, pense que la pandémie a changé notre rapport à l’avenir. Il énumère les trois épreuves qu’elle nous a fait traverser, mais qui peuvent heureusement aboutir à un résultat positif :

  • La première épreuve est celle de l’incertitude et de la peur. Incertitude de durée, comme lors des deux grandes guerres, même si cette fois nous ne sommes pas en guerre contre d’autres hommes. Et, peur sur laquelle surfent les médias. Mais, cela nous a appris à lutter contre ce mal, nous avons inventé des vaccins…
  • La deuxième épreuve est d’avoir eu deux sorties de la pandémie, avec la déception de revenir comme avant. Les soignants ont été acclamés puis oubliés, mais la population a toutefois reconnu durablement l’importance des métiers de la santé et du social.
  • La troisième épreuve vient de notre représentation négative de l’avenir : réchauffement climatique, guerres… que les progrès techniques et humains peuvent en partie corriger.

Cependant, finalement, à chacun de voir ce qu’il peut faire de bien, là où il est :

  • lutter contre l’ignorance (l’enseignant),
  • lutter contre l’information inexacte (le journaliste),
  • lutter contre la maladie (le médecin). Faisons une distinction, dans ce dernier cas, entre d’une part, les progrès dans la lutte contre les causes de la mort et contre la souffrance et d’autre part, la recherche illusoire de l’immortalité.

Prospectives et avenirs envisageables

Démographie, climat, numérique : un exercice de lucidité sur le monde qui nous attend, à partir des projections basées sur la réalité actuelle. Qu’est-ce qui est sûr ? Que peut-on réguler, à quel niveau et dans quel délai ? Trois experts ont tenté de répondre à ces interrogations :

Valérie Masson-Delmotte, climatologue et membre du GIEC, explicite la contribution humaine au réchauffement planétaire ; 23 % de nos émissions de CO₂ vont dans les océans ; le français est à l’origine du dégagement de dix tonnes de CO₂ par an, dont la moitié est due aux produits que nous importons.

Le niveau des mers augmente, sans retour en arrière possible. Si l’on ne baisse pas les émissions de CO₂, l’augmentation est estimée à 2 °C autour de 2050. Mais, un aspect positif est la réduction de 30 % des émissions de méthane (qui ont une forte incidence sur l’effet de serre) que vient de prévoir la COP 26.

Sans baisse des émissions, le réchauffement va se poursuivre ; les périodes très humides et très sèches vont s’intensifier. La COP 26 a malheureusement démontré une absence totale de solidarité avec les pays moins développés.

Bruno Tertrais est politologue, directeur adjoint de la fondation pour la recherche stratégique, s’est nettement écarté de l’air ambiant assez pessimiste en nous présentant une série de nouvelles plutôt positives :

– La guerre, nous dit-il, n’est plus considérée comme un moyen d’action entre les États ; il s’agit davantage de guerres internes à chaque État,

– La guerre entre les États-Unis et la Chine est peu probable, car leur interdépendance économique est telle qu’ils ne prendront pas le risque d’utiliser l’arme atomique,

– Les dépenses d’armement ont baissé par rapport à la période entre 1910 et 1980,

– L’Europe se montre résistante aux crises, à la pandémie et a accepté la mutualisation des dettes,

– Les USA font moins peur depuis leur changement de président,

– Les institutions internationales ne fonctionnent pas trop mal, comme on a pu le voir dans la lutte contre la covid.

* F. de Bez, B. Cheval, F. Hancy, D. Hernandez, J. Rouquerol, F. Teissier.

– À une population mondiale qui devrait se stabiliser en 2100 entre 9 et 11 milliards d’habitants, la Terre est capable de fournir l’alimentation nécessaire, surtout si la résistance sociétale aux OGM disparait. Bien que la malnutrition subsiste, les famines proprement dites ne sont aujourd’hui causées que par les guerres.

– La très grande pauvreté, si on la définit par un revenu quotidien inférieur à deux dollars US, a réellement baissé. Elle ne représente plus aujourd’hui que 10 à 15 % de la population mondiale contre 80 % au début du XXᵉ siècle.

– Les migrations de l’Afrique vers l’Europe sont fantasmées, les migrants se dirigeant davantage vers les États-Unis et le Moyen-Orient.

– Nos connaissances techniques peuvent être efficaces dans la lutte contre le réchauffement climatique… à condition de ne pas rencontrer de résistance sociétale (l’opposition au nucléaire) ou politique (la Chine et l’Inde qui ne souhaitent pas ralentir leur développement).

Le Père Thierry Magnin, docteur en physique et en théologie, président-recteur délégué aux humanités à l’Université Catholique de Lille, aborde les problèmes soulevés par la culture numérique.

– Les moyens numériques transforment aujourd’hui les métiers, tels la médecine et la chirurgie ou encore la justice et la jurisprudence

– Nous devons apprendre à vivre avec des robots, comme par exemple les robots « humanisés » qui apparaissent dans les maisons de retraite

– Les machines deviennent de plus en plus autonomes dans leur apprentissage, c’est-à-dire de moins en moins supervisées. En effet, elles n’utilisaient auparavant que des algorithmes qui reliaient les causes aux effets. On partait du principe qu’avant de faire, il fallait connaître. Or on conçoit aujourd’hui, des machines capables « d’apprendre » simplement à partir d’une énorme masse de données, par des calculs statistiques, sans qu’il soit nécessaire de connaître les causes. Ces machines sont donc capables de « prédire sans connaître ».

– La culture numérique a un besoin énorme de régulation et d’éthique. Nous devons lutter contre les « boîtes noires » qui nous asservissent, sans quoi, selon le mot de Bernanos « on finit par devenir l’outil de ses outils ».

– La science peut bien sûr nous aider dans beaucoup de domaines, mais ce serait une erreur de compter sur elle pour ne pas avoir à modifier nos habitudes de vie.

Les Ateliers Thématiques

Osons rêver ensemble un monde désirable

Le samedi matin 27 novembre était réservé au travail par atelier, uniquement en ligne, autour des six thèmes suivants :

  • Quelle consommation désirable ?
  • Quel travail désirable ?
  • Quelle ville désirable ?
  • Quelles relations entre générations désirables ?
  • Quelle recherche scientifique désirable ?
  • Quelles relations à la citoyenneté désirables ?

Dans chaque atelier intervenaient successivement un ou deux experts pour informer, des témoins pour inspirer et enfin les participants pour échanger dans des groupes de dix à douze personnes.

À titre d’exemple, nous donnons un bref compte rendu de deux ateliers suivis par des participants Marseillais.

Quelle citoyenneté désirable ?

Devant une centaine de personnes en ligne, le journaliste Jean-Marie Colombani a fait le constat d’une «  fatigue de la démocratie » car « tout est en mouvement », en déplorant une abstention de la jeunesse qui a une appétence fortement marquée pour plus de démocratie participative.

Trois « témoins » ont ensuite rapidement illustré les thèmes de « l’abstention » (malgré une surpolitisation), du « pouvoir des sans-pouvoirs » au travers des réseaux et enfin de la nécessité pour les médias de « savoir recréer l’écoute ».

Il a été possible alors d’échanger en ligne. À titre d’exemple, voici les « rêves » exprimés par les douze participants de l’un des groupes :

  • La création dans chaque territoires, commune, quartier d’un lieu de rencontre pour un débat citoyen (avec en sous-proposition que ce lieu puisse être le bâtiment église…)
  • La possibilité pour une collectivité territoriale d’organiser des « Conventions Citoyennes » avec des citoyens tirés au sort
  • La création d’un Comité Economique Social et Environnemental au niveau de chaque intercommunalité
  • L’extension du Service Civique à tous les jeunes
  • La réalisation d’une structure Européenne visant à aller vers un Etat Fédéral

Quelles relations désirables
entre générations ?

Les deux experts étaient Marie-Anne Montchamp, Présidente de la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, et Antoine Dulin, Vice-président du conseil d’orientation des politiques de jeunesse. S’il est vrai que l’augmentation de l’espérance de vie permet à plus de générations de vivre simultanément, elles ont malheureusement tendance à s’éloigner géographiquement et socialement. La génération actuelle de jeunes est la première à penser qu’elle vivra moins bien que les deux générations précédentes. Le système politique actuel ne les concerne pas, étant entre les mains des anciens…

L’un des témoins décrit l’aide qu’apporte son café social à des personnes immigrées âgées, souvent maghrébines, qui se sentent étrangères aussi bien en France que dans leur pays d’origine. En lien avec Paris Habitat, il favorise les domiciles partagés qui permettent de rompre l’isolement.

Le second témoin décrit la création près de Dijon d’une ville de 7600 habitants où le premier programme de logements sociaux a été destiné pour moitié à des personnes de plus de 65 ans et pour l’autre moitié à des familles avec un enfant de moins de 5 ans.

Devant une dizaine de propositions, le groupe d’échange de dix participants a majoritairement préféré, à un engagement politique ou de gestion, un engagement de proximité afin de :

  • Favoriser les rencontres de voisinage (fête de voisinage, réunion de copropriétaires)
  • Favoriser l’habitat Intergénérationnel
  • Encourager jeunes et anciens à s’engager dans une même association

Les chemins de la conversion

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La rencontre du dimanche 28 novembre avait lieu en présentiel à Versailles, mais également en ligne. Elle a commencé par une messe célébrée par Mgr Luc Crepy, évêque de Versailles, qui a souligné que le temps de l’Avent entrait en résonance avec le thème des Semaines Sociales : le projet de Dieu est en attente et il ne se réalisera pas sans nous. La matinée s’est continuée par deux tables rondes animées par Philippine de Saint-Pierre, directrice générale de KTO.

Que nous disent les Écritures de l’avenir qui nous est promis ? Que nous dit la pensée sociale de l’église sur le projet de Dieu pour le monde ?

Comment le christianisme peut-il être une boussole pour l’avenir ?

  • Béatrice Oiry, professeur d’exégèse biblique à l’institut catholique de Paris, nous explique que les écritures racontent une alternance de crises et d’espérance : dans l’Ancien Testament, les juifs sont exilés à Babylone, mais vivent dans l’espérance d’une terre promise ; et dans le Nouveau Testament le Christ meurt, mais ressuscite

Trois pistes nous sont proposées pour nous mettre en route vers l’espérance :

  • La culture de la justice : le mythe du déluge existe dans plusieurs civilisations, comme en Mésopotamie. Dieu a créé le monde ; il vit que cela était bon. Mais, l’homme a désobéi. Dieu veut détruire le monde. Mais, il reste un seul juste : Noé, qui construit l’arche, petite Création en modèle réduit qui contient l’homme, les plantes et les animaux, avec un Juste à la barre.
  • La sagesse du quotidien : le quotidien est le lieu de la présence de Dieu. Le paysan plante la graine dans son champ ; la puissance de Dieu permet qu’elle devienne nourriture pour les hommes.
  • Croire en l’impossible : l’apocalypse promet un ciel nouveau et une terre nouvelle. Le chrétien est témoin d’un impossible : la résurrection.
  • Monique Baujard, théologienne et membre du comité de pilotage de « Promesses d’Église » (qui souhaite une Église plus synodale) nous précise pour commencer que le terme de « pensée » sociale de l’église lui semble préférable à celui de « doctrine » car cette pensée évolue. Elle en aborde trois aspects.
  • Repères historiques : la première encyclique sur cette pensée sociale, « Rerum Novarum », de Léon XIII, sur la défense des ouvriers, date de 1891 ; depuis, partant le plus souvent de l’analyse concrète d’une situation de crise, chaque pape a proposé un document permettant de « discerner les signes des temps ». On notera que les papes ont toujours défendu la propriété privée, notamment pour les ouvriers auxquels elle donne une assurance dans la vie.

L’encyclique Laudato Si’ du pape François en 2015 lance un appel à une révolution culturelle pour une « écologie intégrale ». Être catholique implique une responsabilité sociale. Cette encyclique répondait directement aux besoins de la société ; le pape s’y met à portée de l’homme.

  • Contenu de la pensée sociale chrétienne : ses deux piliers sont le respect de la dignité humaine et la recherche du bien commun.

le respect de la personne humaine implique le respect de tout homme et de tout l’Homme.

Le bien commun, différent de l’intérêt général, n’est pas la somme des intérêts personnels, mais l’ensemble des conditions sociales qui permettent à la personne d’atteindre son plein épanouissement. À ces deux piliers s’ajoutent les principes de subsidiarité (ne pas faire à la place, faire confiance), de participation (la situation de spectateur n’est pas prévue !), de solidarité, de destination universelle des biens de la terre et d’option préférentielle pour les pauvres.

  • la force de la pensée sociale chrétienne est de nous aider à « oser l’avenir ». Elle reste ancrée dans la réalité, mais fait confiance à la capacité d’imagination des personnes et à la présence de Dieu dans ce monde. L’église est soucieuse de la voir appliquer… ce qu’elle fait bien imparfaitement dans sa gestion interne.

Comment répondre au défi de la conversion écologique ?

Face aux bouleversements écologiques, comment nous mettre en action à notre échelle, mais également à l’échelle du monde ? Comment relier l’écologie « naturelle » (prendre soin de la terre) et l’écologie « relationnelle » (prendre soin des hommes) ?

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Olivier Abel, philosophe, professeur à la faculté protestante de théologie de Montpellier (également chroniqueur à la Croix et à la revue Esprit…) souligne d’abord la nécessité de l’espérance, car c’est le décalage entre la réalité et le rêve, qui est le moteur de notre action.

  • La conversion des opinions à l’écologie n’est pas suffisante ; il nous faut changer notre imaginaire de la « vie bonne » et surtout nos habitudes. Par exemple, arrêtons notre mauvaise habitude du neuf. Inventons le « capitalisme de recyclage ».
  • L’homme n’est pas un sujet qui habite le monde, face à un objet qui serait la nature. L’homme doit se sentir parmi les autres et dans la nature. Il faut passer d’un imaginaire de l’émancipation à un imaginaire de l’interdépendance, passer d’un souci de soi à un souci du monde.
  • Deux risques sont à éviter : sacraliser le monde tel qu’il est, alors qu’il est à changer, ou le juger mauvais et vouloir le quitter, alors que nous ne disposons pas de monde de rechange : acceptons de vivre sur cette planète en cohabitant dans la pluralité.

Damien Carême est député européen écologiste et ancien maire de Grande Sainte. Cette ville est passée de 2500 à 25000 habitants avec l’installation d’Usinor dans les années 60. La commune a tout de même accueilli 2500 immigrés syriens.

  • Le rôle d’un maire ou d’un député n’est pas de rêver, mais de mettre en œuvre des solutions. L’écologie et le social sont interdépendants : le bio dans les cantines scolaires permet de faire travailler les maraîchers locaux ; une économie de 50 % sur l’éclairage public (passage aux Leds, abaissement de l’éclairage à certaines heures, élimination des réverbères inutiles) a permis le financement d’une crèche. On constate qu’il n’y a pas d’obstacles à une transformation écologique de la ville ; l’écologie ne coûte pas plus cher. C’est un choix, une volonté politique. Notre société a trouvé intérêt à casser le collectif, car il est plus facile d’influencer des individus solitaires.
  • L’écologie naturelle (le soin de la terre) et l’écologie relationnelle (le soin de l’homme) sont interdépendants, mais pas de la même manière : la disparition de la nature aboutirait nécessairement à la disparition de l’homme… alors que si l’homme disparaissait la terre continuerait à tourner.
  • Le capitalisme effréné est prédateur. Se méfier de ses lobbies qui proposent de la viande artificielle pour diminuer les cheptels qui consomment de l’eau et produisent du méthane ou des drones pour remplacer les abeilles.
  • Pour Damien Carême, il faudrait repenser l’écologie à partir de l’habitat et non à partir du travail, l’homme n’ayant pas que le travail pour se réaliser.

Les ressources pour engendrer un futur souhaitable

Comment puiser dans nos ressources relationnelles, pour engendrer le futur ?

Comment mobiliser nos ressources psychologiques (capacité de résilience, présence ajustée au monde…) et nos ressources relationnelles intimes (prière, vertu d’espérance, force intérieure reçue…) pour projeter vers l’avenir ?

Alice Desbiolles, est médecin en santé publique et experte en « éco-anxiété » nous explique que cet état est lié à la crise climatique et environnementale ainsi qu’aux dommages sanitaires de la Covid. On ne nait pas éco-anxieux, on le devient, la plupart du temps en réponse à l’état du monde.

L’éco-anxiété génère de la colère, de la nostalgie, des émotions. C’est une crise existentielle où l’on se pose des questions : où habiter ? quel job ? avoir ou non des enfants ? Elle engendre des formes de solitude et peut même rendre malade. Elle traverse toutes les générations et toutes les personnes Or quand on est devenu éco-anxieux on le reste.

Dès lors, comment arriver à vivre ? Essentiellement, par un certain « lâcher prise », par une certaine forme de déconnexion par rapport aux médias anxiogènes. Reconnectons-nous à l’action ici et maintenant.

En nous reconnectant à de l’action, en re-conjuguant notre vie au présent. En nous reconnectant aussi au sacré, ou à la beauté de la nature. Et, en se souvenant que le mot « crise », en chinois, signifie à la fois danger et opportunité.

Cheikh Khaled Bentounes, guide spirituel de la voie soufie Alâwiyya (qui compte 300 millions de soufis dans le monde) commente le cœur du soufisme pour lequel, c’est le « moi » qui doit être pacifié. La paix avec soi-même pour pouvoir toujours trouver la voie du juste milieu afin d’être en dialogue avec les autres et la création (elle-même miroir du Créateur). La paix, attribut divin qui donne l’énergie pour se mettre en relation, s’obtient en cultivant la méditation au plus profond de soi-même. Aucun de nous n’a choisi de vivre : de ce don reçu, qu’allons-nous faire pour les humains et pour la nature ? Quel comportement pour ne pas sombrer dans l’orgueil, la jalousie, la convoitise ? Nous sommes dans un monde de dualité (jour et nuit, paix et guerre, joie et tristesse) dans lequel nous devons toujours rester en équilibre. Il nous faut un travail personnel de vigilance, et nous souvenir que nous sommes aussi différents et interdépendants que les lettres de l’alphabet. Chaque lettre de l’alphabet produit bien un son, mais si elles restent séparées, elles ne donnent rien, car le sens vient de leur juxtaposition. On peut écrire toutes les connaissances du monde avec 26 lettres qui ont accepté de se lier pour donner du sens. Y a des lettres communes avec les autres, chacune découvre qu’une partie de l’autre est chez elle et que pour exister elle doit prendre des lettres chez les autres.

Exemple de vie pacifique, interdépendante et vigilante : celle des 12000 habitants de la plus petite des 7 îles des Canaries, El Hierro, qui a fait le choix de l’autosuffisance agricole et énergétique, vers laquelle elle tend, n’a pas été asphyxiée par la chute du tourisme.

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Jean-Guilhem Xerri, psychanalyste et essayiste, a la conviction que pour engendrer un futur souhaitable, il ne faut pas séparer spirituel et non spirituel.

  • C’est une urgence de travailler sur la vie spirituelle, elle nous permet de nous développer. Mais, elle est à la fois personnelle et sociale : elle ne se garde pas pour soi, elle se donne. Acquiers la paix intérieure, et alors une foule d’hommes sera sauvée à cause de toi.
  • Prendre soin de sa vie spirituelle, c’est regarder ce qui se passe en moi, et voir ce qui me rend vivant : la source qui habite en moi et fait de moi un vivant !
  • Comment y accéder ? D’abord, au quotidien. Chaque réalité de notre vie ordinaire est une occasion de faire une expérience spirituelle, si je le veux. Même le sommeil, grâce à l’abandon et au détachement, peut devenir une expérience spirituelle. Habitons le temps présent pour éviter les regrets, l’anxiété : nous ne vivons que dans le temps présent, c’est le seul que nous puissions contrôler.
  • Le chemin ? C’est la sagesse chrétienne des pères de l’Église qui repose impérativement sur trois pieds en même temps :
  • —-> La sobriété : indispensable à notre environnement intérieur, elle doit être dépolluée des perturbateurs de l’intériorité, comme aujourd’hui le numérique, dont il faut être capable de se détacher, ou l’hyper-mobilité
  • —-> La bonté : un germe qui doit être développé, qui nous rend humains, qui nous ouvre aux autres
  • —->La méditation : à pratiquer régulièrement, pour être moins dans l’avoir et le faire. Un temps que l’on se donne pour se réconcilier avec soi-même.
  • Soyons à la fois doux et ferme à notre égard, déterminés et souples. Et retenons que la vie spirituelle n’est pas une question de performance, mais celle d’une lente croissance.

Comment s’ouvrir aux ressources extérieures et collectives ?

L’art, la culture, les instruments de dialogue et d’intelligence collective comme agents du changement.

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Andrea Riccardi, qui a fondé la communauté de Sant’Egidio et a été ministre de la Coopération du gouvernement Monti, considère que la grande faiblesse de nos pays européens est le manque de vision. Nous sommes intimidés par l’idée de penser en grand.

L’effondrement de l’Éthiopie est un cauchemar, car le grand phare de la paix et de la coopération s’éteint. Les guerres durent des années et le rêve de la paix s’éloigne du fait de la perte de la culture et de la mémoire. L’absence de paix conduit à la haine des autres et à la violence. Et, aujourd’hui, s’y ajoute la guerre contre la nature avec une catastrophe à court terme.

Or la paix est le plus grand don possible pour les hommes et les femmes, et aussi pour la Terre.

Fratelli Tutti est un fort encouragement pour que la fraternité soit au cœur de notre existence. Qui dit fraternité dit paix. C’est donc une encyclique sur la paix. Il nous faut recoudre le tissu de fraternité.

Sant’Edigio met les pauvres au centre. Ils sont la pierre d’angle, car personne n’est dépourvu d’intérêt et chaque personne a quelque chose à dire. De même, il y a une communion de pensée à susciter entre les moins jeunes et les jeunes que notre société a écrasés, eux qui sont plus conscients que nous de la nécessité de préserver la Terre.

Donc, le rêve d’aujourd’hui doit être à nouveau celui de la paix. La guerre est la pire image du mal. Notre Père, délivre-nous du mal…

Mais, comment faire advenir la paix ? Comment faire avec nos faibles moyens ? On ne peut y arriver tout seul et le problème est que nous sommes de plus en plus seuls, même dans l’Église !

Il s’agit donc de dépasser les solitudes, de participer avec les autres, car la ressource c’est l’autre avec qui dialoguer et se passionner pour l’avenir.

Il s’agit de faire arriver la coexistence pacifique entre voisins, collègues… là où nous sommes.

Être fraternel est la ressource pour la paix. L’autre, sa parole, son amitié sont la ressource. La fraternité doit être au cœur de notre existence.

Ce rêve peut-il habiter nos cœurs, nos quartiers ? Le dialogue est la première ressource : parler, se rencontrer, Vivre ensemble.

Rêver avec les autres pour nous mettre en chemin. Les religions sont sœurs, car les hommes sont frères. Il faut se tenir par la main, car cela engage tout le monde : chrétiens, musulmans…

Quand il y a le rêve, cela pousse à la libération des énergies et à la pensée à long terme. Cela nourrit l’espérance et permet de lutter contre la décadence.

Il y a donc une culture de la rencontre à renouveler pour faire circuler la créativité.

Et, nous avons bien sûr en Europe une responsabilité commune au regard de ce rêve de la paix, car notre paix en Europe est le point de départ pour apporter la paix dans le monde. Il est donc urgent de sortir de nos divisions entre Est et Ouest et d’entrer dans une alliance profonde.


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Les Principes Sociaux Chrétiens
au service de nos Associations

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Pour s’inscrire

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Comment améliorer
le vivre ensemble et le cadre de vie
dans les quartiers d’habitat social ?

Ce sujet fait l’objet d’une conférence donnée par Xavier Rouquerol,
Directeur de l’Innovation Sociale chez « Famille et Provence ».

Elle sera produite le mardi 8 mars 2022 de 12 h 15 à 14 h au Parvis du Protestantisme et sera aussi l’objet d’un « samedi matin » du Secrétariat Social de Marseille le 19 mars 2022 de 9 h 30 à 12 h 30 au Mistral.

Vous trouvez tous les détails dans l’affiche ci-dessous :

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Cliquer sur l’image pour l’agrandir

Préparation des semaines sociales 2021

L’annonce par les Semaines Sociales France
de la rencontre des 25-26-27
novembre 2021 SSF

C’est ici : https://www.ssf-fr.org/page/1610396-rencontre-2021

Osons rêver l’avenir en prenant soin
des Hommes et de la Terre
par Bernard Ibal

Voir la conférence en vidéo

Cliquer sur le lien :

https://secretariatsocialccr.org/wp-content/uploads/2022/03/2021-10-16-SSFM-Bernard-Ibal-Osons-rever-l-avenir-V30.mp4

Compte rendu de cette conférence de Bernard Ibal
<Osons rêver l’avenir>

Conférence de Bernard IBAL
pour le Secrétariat Social de Marseille
le 16 octobre 2021 au Centre Le Mistral.

Thème des Semaines Sociales de France
prévues du 26 au 28 novembre 2021.

Une référence dans les rêves de l’humanité : Martin Luther King (« I have a dream ») ; mais ce dernier avait un objectif ciblé, c’était la lutte contre l’apartheid.

Or, dans notre société, nous n’avons pas de but précis. Il s’agit plutôt de ré enchanter la vie, après les atrocités de la 2ème guerre mondiale.

Cette envie apparaît après l’euphorie de la Libération.

Surviennent le désenchantement de la vie politique qui ne fait plus rêver et l’absurdité de la condition humaine.

La France aurait un record du pessimisme. Qu’est ce qui peut donc nous faire rêver ?

Pourtant, en dehors de la préoccupation de sécurité, plusieurs thèmes peuvent nous faire rêver à un avenir commun : certains aspects de notre identité nationale, notre lutte pour le climat et l’environnement, notre modèle anthropologique, notre contrat social.

L’identité nationale :

La mondialisation a été un espoir (chanteurs, intellectuels, livres) dont le résultat n’est pas glorieux et s’oppose à l’identité nationale :« patriote mais pas nationaliste » (Bernard Ibal).

Une autre identité apparaît, celle de l’art de vivre. La France : première destination touristique, l’économie sociale, la gastronomie, les vins, le rythme de vie, le temps de travail, la politique sociale et familiale.

Cette identité s’oppose à celle de la puissance (financière, économique, territoriale, technologique).

Le climat et l’environnement :

La prise de conscience est massive (tous les partis politiques).

Le livre de référence chrétien est Laudato si, la seconde encyclique du pape François, ayant pour sous-titre « sur la sauvegarde de la maison commune », 

Au dix-septième siècle, Descartes lance l’idée de progrès sur un terreau chrétien. L’homme doit être possesseur de la nature.

Dans la Bible, le vécu du temps change : on passe d’un temps cyclique à un temps linéaire, c’est-à-dire demain peut être autre et meilleur. Sortir de la répétition du même.

Le progrès fait rupture en allant à l’encontre de l’harmonisation avec la nature et de la pacification. Avec le progrès, chacun prend plus que sa part ; ce qui a pour conséquence la pollution, l’épuisement des ressources, ainsi que des destructions et des catastrophes.

Le virage de Pâques (10 avril 1955) avec Pierre Teilhard De Chardin : prise de conscience du risque environnemental.

La fin du monde est certaine mais il y a une exception : la vie.

Le bien commun (la terre et ses richesses) qui était une idée désuète, appartient aujourd’hui à tous.

Ne pas confondre l’austérité et la sobriété. Le Pape François considère la sobriété comme la possibilité de jouir avec peu.

L’économie circulaire va dans le bon sens. Un retour à la production après la consommation.

Le modèle anthropologique :

Le terrorisme et la crise sanitaire de 2019 ont permis une prise de conscience de la vulnérabilité venant s’opposer au modèle américain de l’Homme : fort, équilibré et battant.

Chaque être a une grandeur d’âme, une dignité humaine qui ne sont pas liées aux performances. L’homme n’est pas une marchandise, il y a du divin dans l’homme. Le pire criminel a droit au respect de sa dignité, qui passe notamment par le respect intégral des droits de sa défense, même au risque de ne pas connaître, in fine, la vérité (comme dans l’affaire du petit Gregory)

Cette dignité, qui concerne donc tout homme, capable du meilleur comme du pire, passe par là rédemption et l’incarnation pour les chrétiens.

Le contrat social

La déclaration des droits de l’homme de 1948 est déficiente sur au moins un point lorsqu’elle présente autrui comme celui qui empêche et limite*. On tombe dans l’individualisme et l’autre devient l’adversaire. Bernard Ibal préfère une définition beaucoup plus sociale de la liberté :

« La liberté de tous commence quand chacun est responsable de lui-même, des autres et de la nature » (Bernard Ibal).

Au cours de la discussion qui a suivi ont été notamment exprimés, soit par les participants, soit par B.Ibal, les points de vue ou constats suivants :

  • Les trente glorieuses ont finalement entraîné un désenchantement en laissant croire que l’augmentation du pouvoir d’achat était le principal facteur du bonheur et en laissant loin derrière l’intérêt d’une vie spirituelle.
  • Au cours des trente dernières années, la France est restée en retrait, par rapport au monde anglo-saxon, en ce qui concerne l’explosion des inégalités qui s’y sont manifestées : le modèle social Français compte à juste titre dans les motifs de fierté énumérés par notre conférencier. Le capitalisme industriel britannique de l’époque de la reine Victoria est comparable au rugby, né en même temps et au même endroit. Il s’agit dans les deux cas de gagner à tout prix, bien que dans le respect des règles et de l’adversaire.
  • Le « toujours plus » dont nous avons spontanément envie nous fait facilement fermer les yeux sur les anomalies qu’entraîne notre soif de consommation, à l’égard aussi bien de la nature que de notre prochain.
  • Si l’Eglise prône une sobriété respectueuse de la nature, elle ne prône pas pour autant l’austérité. Il existe souvent dans les médias un discours écologique punitif qui n’est pas indispensable, surtout si on veut gagner l’adhésion.

* Article 29de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1948 :

1. L’individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle le libre et plein développement de sa personnalité est possible.

2. Dans l’exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n’est soumis qu’aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d’assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d’autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l’ordre public et du bien-être général dans une société démocratique.

3. Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s’exercer contrairement aux buts et aux principes des Nations Unies.

François Teissier et Bernard Ibal

La salle

discussion

Conclusion par notre président Bernard Cheval